Les défibrillateurs automatisés externes (DAE), de plus en plus nombreux à être installés dans des lieux publics en France, « ont commencé à sauver des vies », ont souligné mercredi 4 juin des urgentistes à l’occasion du congrès de la Société française de médecine d’urgence (SFMU).

Défibrillateur à Monaco
Photo Clover_1

Les communes s’engagent

Les premières implantations ont concerné, à titre expérimental, certains services comme les polices municipales d’Hyères (83) [1], de Nîmes (30) [2] ou du Plessis-Trévise (94) [3]. La première collectivité à mettre des défibrillateurs cardiaques à disposition directe de ses habitants en accès libre a probablement été la commune de Montbard (21) [4] en juillet 2005. Depuis la même époque, la Principauté de Monaco a installé des défibrillateurs et en possède aujourd’hui 87, dont 28 en accès public [5]. Depuis lors, plusieurs collectivités ont rejoint le mouvement ou se montrent intéressées. La ville de Paris (75) [6] a commencé à s’équiper fin 2007 de 236 appareils. La ville de Montreuil (93) a décidé, le 12 février dernier, d’implanter plus de trente défibrillateurs cardiaques en divers lieux de la commune. Nantes (44) en possède une dizaine et a prévu un second déploiement de 35 appareils [7]. Dans le Var (83), Saint-Tropez a installé deux appareils [8] et Toulon en possède seize [9].

À Paris dans un gymnase.
Photo CL.

Laerdal, fournisseur d’appareils, indique avoir livré également les communes de Bourg-la-Reine (92), Bordeaux (33), Royan (17), Privas (07), Auray (56), Ecully et Villefranche-sur-Saône (69), Riom (63), Valloire (73), Chantilly (60), Gien (45), Isserpent (03), Rouen (76) et Nevers (58) [10].

L’impulsion des associations et fondations

À défaut de financement public, des associations s’engagent et permettent le financement des appareils. Ainsi à Cherbourg (50), douze appareils vont être répartis dans les stades, les mairies, les théâtres de la Communauté urbaine. Sept sont financés par l’association Cœur et cancer et cinq autres par une association dépendant du CHU de Caen [11].

À Saint-Pol-sur-Ternoise (62), un défibrillateur a été offert à la commune par le Lions club. Il sera utilisé à la piscine et sur les terrains de sport [12]. Le Lions Club a également cofinancé 7 défibrillateurs à Provins [13].

A Pau (64), dès 2006, l’association Pau Béarn Cancer s’est impliquée dans la mise en place de défibrillateurs par diverses actions de communication. Des appareils ont été mis en place, par exemple à l’aéroport (financé par la CCI) ou au centre de congrès.

Dans le Haut-Rhin (68), la fondation Lucien Dreyfus a réussi à réunir de multiples partenaires autour de son projet « le Haut-Rhin du cœur », visant à équiper la totalité du département, soit environ 75 appareils. Le financement est assuré par la fondation en partenariat avec de multiples organismes dont le groupe ARPEGE, des caisses privées de retraites et des complémentaires [14].

Vaucluse et Puy-de-Dôme : les Conseils généraux équipent leurs sites

Le Conseil général de Vaucluse (84) équipe 16 sites du département de défibrillateurs : Hôtel du Département, Pôle des Interventions Sociales ainsi que tous les centres médico-sociaux gérés par le Conseil général [15].

De même, le département du Puy-de-Dôme (63) a équipé en février et mars 2008 17 sites d’action médico-sociale répartis sur l’ensemble du département. Plusieurs types d’appareils (automatiques ou semi-automatiques) sont testés pour recueillir l’avis des agents, mais aussi du public. Les phases d’expérimentation terminées, le Conseil général généralisera le dispositif à l’ensemble de ses sites touristiques accueillant du public et les collèges. Dans un troisième temps, il mettra en place une nouvelle aide financière pour les communautés de communes qui souhaiteraient s’engager dans la même démarche [16].

Dans l’Ain (01) le premier défibrillateur est arrivé au siège du Conseil général qui commence seulement à réfléchir à la question [17].

Alpes-Maritimes et Seine-Maritime : des Conseils généraux qui financent massivement

A Roquebrune-Cap-Martin (06), le directeur du Marché U a installé un défibrillateur dans son magasin et offert deux à la mairie, placés au stade nautique et au tennis club [18], alors que d’autres avaient déjà été fournis par le Conseil général dans le cadre d’un plan départemental d’équipement. Le nombre de défibrillateurs dans le département des Alpes-Maritimes serait de 500 [19].

Le département de la Seine-Maritime (76) a annoncé, le 2 juin 2008, sa décision de doter d’un DAE toutes ses communes de moins de 3.500 habitants, en contrepartie d’un engagement de leur part à entretenir le matériel. Il s’agit d’une opération de grande ampleur, car la Seine-Maritime est l’un des départements comptant le plus grand nombre de communes. Au total, 695 communes vont ainsi bénéficier d’un défibrillateur. Le département prévoit également d’équiper 111 lieux relevant de sa compétence : collèges, gymnases, musées, parcs... Ce sont ainsi plus de 800 DAE qui vont être acquis par ce Conseil général [20].

Nord-Pas-de-Calais : la Région investit pour les installations sportives

Dans le Pas-de-Calais (62), au Touquet, depuis le 1er juillet, quatre défibrillateurs sont disponibles : un au pôle tennistique et trois autres dans les pharmacies de la station. Un cinquième sera prochainement mis en place au commissariat [21]. À Arras, la ville a acheté 7 appareils fixes entièrement automatiques et 3 mobiles, ces derniers étant mis à la disposition de la police municipale. Les appareils fixes sont en libre accès dans divers lieux de la ville, mais uniquement aux heures d’ouverture de ces derniers [22]. A Balinghem, la commune s’est équipée en juillet [23].

En complément de ces initiatives, des appareils vont être financés par la Région Nord-Pas-de-Calais qui a prévu le déploiement de 80 appareils dans les installations sportives [24].

Et dans le privé ?

Côté entreprises, Les Mousquetaires (Intermarché, Bricomarché, etc.) ont décidé de s’équiper. Ainsi, les points de vente du groupe qui en auront fait la demande pourront se doter d’un défibrillateur cardiaque. Tout le personnel du magasin sera formé à son utilisation. Une affiche portant le message "Intermarché prend votre santé à cœur " indiquera que le point de vente est équipé d’un défibrillateur. Le groupe va également disposer une centaine d’appareils hors des points de vente, au siège social et dans ses unités de production et de logistique [25].

Le pétrolier BP, qui depuis 5 ans forme le personnel de ses stations au PSC1 en partenariat avec la Croix-Rouge française, s’engage désormais à équiper chacune de ses stations d’un défibrillateur automatisé sur autoroutes et voies rapides, soit au total 58 appareils [26].

À Vannes (56), l’hypermarché Carrefour s’est équipé d’un défibrillateur en février [27], de même qu’en juin le centre commercial de Thoiry, dans l’Ain (01) [28]. Les 7 casinos du groupe Vikings se sont équipés en février [29]. Laerdal cite également le Groupe ACCOR pour son parc hôtelier, les Casinos et Hôtels du Groupe Lucien Barrière [30].

Les autorités du sport s’y mettent

Le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, avait annoncé [31] le 11 décembre 2007 l’attribution de deux millions d’euros de subventions exceptionnelles afin de développer l’installation, sur tout le territoire, de défibrillateurs dans les structures sportives.

La LFP (ligue professionnelle de football) a équipé en 2006 les quarante clubs professionnels d’un défibrillateur et formé les équipes à leur utilisation. Il s’agit d’appareils « HeartStart FRx » semi-automatiques [32].

Par ailleurs, la Ligue Nationale de Rugby a annoncé en avril que chaque club professionnel de rugby participant au Top 14 ou à la Pro D2 devra disposer au minimum d’un défibrillateur lors des matches et entraînements. La mesure entrera en vigueur dès la saison prochaine [33].

En Suisse aussi

En Suisse, les CFF (Chemins de fer fédéraux) ont installé des défibrillateurs à titre expérimental en accès libre dans les gares de Berne, Bâle, Zurich et Genève Cornavin. En revanche, à l’aéroport de Genève, les défibrillateurs restent aux mains de l’équipe sanitaire [34].

L’efficacité dépend du lieu d’implantation

Dans le Nord (59), dès la fin 2006, 189 appareils ont été déployés dans 89 petites et moyennes communes du département. Fin 2008, 700 appareils au total devraient être installés. Autour de Lille, où de très nombreux appareils ont été installés, Patrick Goldstein (Samu de Lille) a comptabilisé « cinq survies — sans séquelles — directement liées à l’utilisation des défibrillateurs » : trois près d’une mairie, deux dans des supermarchés, une pendant un marathon.

« Le défibrillateur automatique est populaire », mais le danger à éviter, a mis en garde le Pr Pierre Carli (Samu de Paris), est que « cette technique remarquable » devienne avec le temps « un gadget ». « Nous avons la volonté de mobiliser les gens pour que cette possibilité que nous donnons au public s’inscrive profondément dans la durée et dans les comportements », a-t-il ajouté [35].

Les expériences à l’étranger montrent que le choix des lieux d’installation est très important, a expliqué le Pr Carli. « On s’aperçoit qu’à certains endroits les défibrillateurs ne jouent aucun rôle, on ne s’en sert pas, on les oublie, et à d’autres endroits ils se révèlent des outils formidables ».

La première évidence consiste à implanter les appareils dans des lieux très fréquentés, en particulier les gares et les stades. Une enquête menée à Paris montre que c’est aux abords des gares que les arrêts cardiaques sont les plus fréquents. Quant aux stades, on y dénombre plus de 500 morts subites chaque année, sur les 50 000 accidents de l’adulte survenant en France.

Mais il faut aussi penser à équiper de défibrillateurs les lieux très isolés, tels que hameaux, sites difficiles d’accès, où les accidents seront certes rares, mais où le délai d’arrivée des secours justifie malgré tout l’implantation [36].

En outre, il est évident que toutes les installations de défibrillateurs doivent s’accompagner de plans de formation, qui peuvent être soit des formations complètes de type PSC1, soit à plus grande échelle des initiations à la défibrillation.

Le DAE en accès libre, prochaine grande cause nationale ?

Toutes ces initiatives démontrent que la défibrillation en accès libre commence à s’implanter en France. Toutefois, les installations massives en accès public ne peuvent reposer que sur des financements publics, comme le démontrent les actions exemplaires des départements du Nord, des Alpes-Maritimes, de la Seine-Maritime ou de la ville de Paris. Le coût des appareils (1500 à 2000 € installé) reste important pour les petites communes qui comptent ainsi sur l’aide des Conseils généraux voire des Régions pour les installations sportives, quand le financement ne provient pas d’initiatives privées.

Il apparait donc que lorsque la volonté politique existe, les défibrillateurs sont mis en place. L’enjeu est d’importance puisque l’efficacité de ces appareils n’est plus à prouver. Le nombre de vies sauvées par une généralisation des DAE en accès libre judicieusement placés pourrait être du même ordre de grandeur que le nombre de tués par accident de la circulation routière. Une prochaine grande cause nationale ? C’est sans doute ce que souhaiterait l’association RMC/BFM. Elle organise l’événement « Train du cœur » du 7 au 20 octobre dans 13 villes de France (voir notre brève) pour promouvoir les DAE.

Notes

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2008, l’année des défibrillateurs en libre accès ?

10 octobre 2008

Toutes les villes ou communes ayant engagé une démarche de DAE en public access ne sont pas citées dans les différents articles ; à ce titre, la ville de Marseille dispose à ce jour de 100 appareils répartis dans 60 lieux publics municipaux.
(source BMPM / ville de Marseille)

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2008, l’année des défibrillateurs en libre accès ?

28 octobre 2008 par WEBER

Bonjour je suis moniteur et je voudrais savoir pour en imformer mes collaborateurs, des dispositions des dae placaient sur la commune du 67
Car ceci nous interesse pour donner plus imformations concernant nos formation
Merci à vous

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2008, l’année des défibrillateurs en libre accès ?

18 août 2008 par lassalle jean-françois

Bonjour,
l’article est excellent. Domage que nous ne nous soyons pas manifestés avant, car c’est une domaine qui nous sensibilie beaucoup.
je voudrai juste vous signaler que la Mutualité Sociale Agricole de Tarbes, (département 65), en tant qu’établissement recevant du public, s’est également équipé d’un DAE semi automatique, qui est placé au guichet de la MSA. Nous en avons offert un au Crédit Agricole de Tarbes (siège social), et un à la chambre d’agriculture. Nous avons essayé de sensibiliser les communes des Hautes-Pyrénées à s’équiper. Je suis moniteur Sauveteur Secouriste du travail, et je forme des secouristes dans tout le département. Si vous pouviez dire que la MSA de Tarbes est très concerné sur ce sujet, je vous en serais très reconnaissant.
Merci beaucoup.

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