Beijing 2008 : loin des polémiques sur le choix du pays pour recevoir les Jeux olympiques, les sportifs se battent pour occuper la plus haute marche du podium. Des millions de téléspectateurs sont attentifs aux exploits et plein d’espoir pour les athlètes de leurs pays. Si les journalistes pénètrent les coulisses pour pimenter leurs reportages, l’audience se fait essentiellement sur les héros ou les sportifs malheureux. En marge on discute tout de même, installations sportives, pollution, droit de l’homme, Tibet… Mais peu se sont intéressés à l’organisation des secours de cette manifestation.

Peut être parce qu’en France l’organisation des secours est rodée et fait partie du paysage des grands évènements, peut être parce que la Chine a plus communiqué sur d’autres sujets : très peu d’informations ont été données sur la chaîne des secours.

Qu’en est-il vraiment en cas de détresse vitale, pour les sportifs et pour les visiteurs ?

Si le cas du sportif est un peu particulier, car encadré par un staff technique et médical, dans l’urgence cependant il se retrouve comme toute victime devant un problème de prise en charge de première intention nécessitant des personnels formés au premiers secours, du matériel de premiers secours, un moyen d’évacuation et une prise en charge médicale d’urgence.

Le comité organisateur a apparemment prévu de quoi faire face : il a recruté 400 000 « volontaires urbains » pour aider les visiteurs qui sont placés à 550 postes provisoires. Ils doivent également dispenser les premiers secours aux visiteurs en cas de besoin [1].

De plus, un total de 5 000 travailleurs médicaux expérimentés (dont 3 223 issus des hôpitaux de Pékin) sont actuellement en place et prêts au service pendant les jeux. Toutes les installations et centres d’entraînement olympiques sont équipés de personnel médical. Au total, 226 stations de services médicaux sont disponibles dans toutes les installations olympiques à Beijing et les autres villes-hôtes.

À Beijing (janvier 2007).

Les hôpitaux à Beijing destinés à servir les Jeux, 24 au total, ont amélioré leurs services avec des panneaux bilingues standardisés, des médicaments classifiés, des plans détaillés de réaction d’urgence et des installations libres d’obstacles [2].

Les autorités municipales de Beijing ont imposé aux hôpitaux dans la capitale chinoise de rester opérationnels sept jours sur sept lors des Jeux olympiques afin de mieux servir les touristes et résidents [1].

Les établissements d’inspection d’hygiène ont formé 40 « sous-groupes de résolution des événements urgents » au niveau de la municipalité et du district, et ont équipé 13 véhicules de contrôle d’urgence. À partir du 20 juillet et jusqu’au 20 septembre, la permanence 24 h/24 va être mise en œuvre pour être prêt à tout moment pour résoudre des événements imprévisibles de santé publique [3].

Enfin dans ses efforts pour améliorer les services médicaux pendant les Jeux olympiques de 2008, Beijing adoptera un système de repérage du téléphone portable qui pourra donner la localisation exacte de la personne en train d’appeler les urgences médicales. Le 999 est le numéro d’appel d’urgence en Chine. Le chiffre 9 se prononce en chinois « jiu », ce qui signifie aussi « sauver » ou « secourir ». Le centre 999, qui relève de la Croix-Rouge de Beijing, compte 130 ambulances.

Derrière les informations officielles, et les chiffres rassurants, des questions et des interrogations subsistent sur l’opérationnalité des prompts secours.

 Le numéro de secours unique 999 permet d’être repéré, ce qui pour des étrangers de toutes nationalités pourrait être salvateur étant donné les difficultés de repérage que peut connaître un visiteur. Hélas, « actuellement, le système de localisation fonctionne uniquement avec les abonnés de China Mobile. Les abonnés à d’autres opérateurs de téléphones sans fil comme China Unicom ou de téléphones fixes n’ont pas accès à ce service à Beijing. » [4] Est-ce que le 999 est connu de tous et est-ce que des opérateurs parlant au moins anglais sont disponibles ?

 Le 11 septembre 2007 « un exercice de secourisme a eu lieu dans les installations olympiques : le personnel médical est arrivé sur les lieux 25 secondes après avoir reçu le signal de détresse. Avant l’exercice, une équipe de secours composée de six personnes attendait au poste de secours. Quand l’ordre d’intervention est arrivé, elles se sont précipitées sur les lieux avec les équipements de secours, guidées pendant le trajet par un gentil bénévole. Après le diagnostic initial, le malade a été placé sur un brancard. Durée de toute l’opération : 4 minutes. » Temps d’intervention impressionnant, mais pas d’information sur la prise en charge et le matériel. La suite est plus problématique : « Si c’est un malade étranger, on lui expliquera son cas en anglais », a dit Li Yi, secouriste assistant et étudiant en première année de doctorat à l’Université de médecine de la Concorde de Beijing. Après le diagnostic, les blessés souffrant de lésions externes sont envoyés à l’hôpital numéro trois relevant de l’Université de médecine de Beijing, ce qui représente un trajet de 10 minutes en voiture ; les blessés souffrant de lésions internes vont à l’hôpital d’amitié sino-japonaise, 25 minutes en voiture. » [1]

 Un programme sino-français de formation des secouristes professionnels pour les Jeux olympiques a été lancé le 31 mars à Beijing, afin de constituer l’équipe des secouristes olympiques dans la capitale et d’améliorer les capacités des personnels professionnels, organisé conjointement par le Service municipal de santé à Beijing, l’Ambassade de France en Chine et par le Groupe Total. Le pétrolier a investi au total 1,5 million d’euros pour la coopération sino-française en matière de secourisme médical depuis 2004.

« Ce programme pourra nous permettre de nous inspirer des techniques avancées des pays développés et d’établir une équipe de secouristes de haute qualité », a déclaré Yu Luming, sous-directeur du Service municipal de santé à Beijing [5]. Total contribue au financement d’un programme de formation de médecins urgentistes dans le cadre des Jeux olympiques. Total a participé au financement et à l’organisation de la spécialisation de 30 urgentistes chinois dans des hôpitaux parisiens durant un an. Ces derniers formeront à leur tour d’autres médecins en Chine via une structure locale [6].
La médecine d’urgence a donc été développée, mais qu’en est-il des équipes de secouristes ?

 Tang Qi, responsable du centre de Secours de Beijing : « tout le monde est conscient de l’importance de trouver une personne qui possède des connaissances en secourisme au moment où survient un accident. Alors, le centre de secours à Beijing a débuté dimanche (27 févr. 2006) ses formations. Selon l’enseignant, le contenu du cours d’une demi-journée est complet et les diplômés peuvent accomplir indépendamment les premiers gestes de secours qui permettent de sauver des vies… Des centaines de résidents de Beijing participent à cette initiative visant à améliorer leur capacité à porter secours et sauver des vies, notamment dans des cas de brûlure, de noyade, d’électrocution et de fractures » [7], [8].
Quid des formations pour équipiers secouristes ?

Ainsi les JO ont apparemment permis de développer les structures de prise en charge que ce soit en matière d’alerte, de formation aux premiers secours ou de médecine d’urgence. De nombreuses interrogations demeurent sur la mise en œuvre de ces structures, leur efficacité, et leur pérennisation après les Jeux.

Notes

[1Site officiel des JO

[2selon Jin Dapeng, directeur du groupe de soutien médical du Comité d’organisation de Beijing pour les 29e Jeux olympiques et secrétaire du Parti du Bureau municipal de la Santé de Beijing cf. http://www.french.xinhuanet.com

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